
Dans la continuité de notre campagne de sensibilisation pour contrer les préjugés envers les accidentés du travail et leurs proches, cette semaine nous allons parler des proches aidants. Les oubliés . . .
Qu'est-ce un proche aidant ?
Lorsque nous pensons à la reconnaissance d'une personne en tant que ''Proche aidant'', nous pensons aux membres d'une famille qui prennent soins d'une personne aînée ou d'un enfant dit handicapé, afin de lui permettre de vivre dans un domicile au lieu d'habiter dans une institution. Cependant, quand subvient un accident de travail qui impact l'autonomie physique ou psychologique du travailleur accidenté, la famille, soit plus particulièrement le/ la conjoint(e), devient proche aidant(e), sans préavis et sans le choisir, mettant ses besoins psychologiques et physiologiques de cotés. Par devoir de soutien auprès de son conjoint ou sa conjointe ceux -ci auront du mal à reconnaitre qu'il/elle est proche aidant (e) et faire valoir ses droits et ses besoins.
La législation versus la reconnaissance d'être proche aidant
Dans la culture québécoise prendre soin de ses proches, de les accompagner dans la maladie ou dans le vieillissement est normalisé , voir un ''devoir''. Par contre, la reconnaissance gouvernementale sur l'importance des proches aidant(e)s et de développer des programmes sociaux qui contribuent à offrir des soins à domicile , à offrir du soutien financier et autres fut établit en octobre 2000.
Le gouvernement du Québec , de cette époque, a reconnu , et ce, telle que stipulée dans la loi visant à reconnaître et à soutenir les personnes proches aidantes, l'apport considérable des personnes proches aidantes à la société québécoise, ainsi que l'engagement que cela implique. Le gouvernement a reconnu la charge de responsabilité, mais aussi des répercussions sur la qualité de vie des proches aidant(e)s. Par cette loi, il (gouvernement) reconnait la diversité des réalités que ceux-ci peuvent vivre, le contexte qui peut mener ou qu'une personne doit assumer le rôle de proche aidante
Loi visant à reconnaître et à soutenir les personnes proches aidantes c'est quoi ???
Cette présente loi a pour objet de guider le gouvernement dans la planification et la réalisation d’actions visant à faire connaître la contribution des personnes proches aidantes, à la faire reconnaître et à soutenir ces personnes dans leur rôle.
À cette fin, elle prévoit notamment que le gouvernement doit adopter une politique nationale pour les personnes proches aidantes, ainsi qu’un plan d’action pour la mettre en œuvre. Elle prévoit aussi l’institution du Comité de partenaires concernés par le soutien aux personnes proches aidantes, ainsi que de l’Observatoire québécois de la proche aidance.
La définition de proche aidant selon cette loi
Selon cette loi: «personne proche aidante» désigne toute personne qui apporte un soutien à un ou à plusieurs membres de son entourage qui présentent une incapacité temporaire ou permanente de nature physique, psychologique, psychosociale ou autre, peu importe leur âge ou leur milieu de vie, avec qui elle partage un lien affectif, familial ou non. Le soutien apporté est continu ou occasionnel, à court ou à long terme, et est offert à titre non professionnel, de manière libre, éclairée et révocable, dans le but, notamment, de favoriser le rétablissement de la personne aidée et le maintien et l’amélioration de sa qualité de vie à domicile ou dans d’autres milieux de vie. Il peut prendre diverses formes, par exemple le transport, l’aide aux soins personnels et aux travaux domestiques, le soutien émotionnel ou la coordination des soins et des services. Il peut également entraîner des répercussions financières pour la personne proche aidante ou limiter sa capacité à prendre soin de sa propre santé physique et mentale ou à assumer ses autres responsabilités sociales et familiales.
La politique nationale (article 4 de cette présente loi)
Selon les concertations faites auprès des personnes proches aidantes, des chercheurs, des organismes ou de groupes représentant les personnes proches aidantes, ainsi que des ministères et organismes du gouvernement concernés, le gouvernement a adopté une politique nationale pour les personnes proches aidantes.2020, c. 22, a. 3.
Les principes directeurs de la politique nationale sont les suivants :
1° reconnaître que chaque personne proche aidante est une personne à part entière qui doit être traitée avec dignité et sollicitude, et dont il faut favoriser la bientraitance;
2° reconnaître l’apport considérable des personnes proches aidantes à la société québécoise et l’importance de les soutenir;
3° favoriser la préservation de la santé et du bien-être des personnes proches aidantes, notamment sur le plan de la précarisation financière, ainsi que le maintien de leur équilibre de vie;
4° considérer la diversité des réalités des personnes proches aidantes et de leurs relations avec les personnes aidées dans la réponse à leurs besoins spécifiques, et ce, à toutes les étapes de leur trajectoire de soutien, depuis leur autoreconnaissance jusqu’à leur processus de deuil autant de la personne aidée que de leur rôle auprès de cette dernière;
5° reconnaître l’expérience des personnes proches aidantes et leurs savoirs, de même que ceux de la personne aidée, et les considérer dans le cadre d’une approche basée sur le partenariat;
6° respecter les volontés et les capacités des personnes proches aidantes quant à la nature et à l’ampleur de leur engagement;
7° faciliter et consolider les partenariats entre les ministères, les organismes du gouvernement et les organismes non gouvernementaux tant au niveau national que régional et local en impliquant les personnes proches aidantes pour favoriser des réponses adaptées à leurs besoins spécifiques. 2020, c. 22, a. 4.
Les enjeux du proche aidant (e) d'un accidentés du travail
Dans notre société actuelle, malgré la nouvelle loi , établit en octobre 2000, il y a près de 25 ans, qui reconnait la proche aidance, les proches aidant(e)s d'accidentés du travail ont peu de services et de reconnaissances. Les différents programmes sociaux en soutien financiers ou pour obtenir de l'aide à domicile ne conjuguent pas ensemble mais se nuisent dans l'offre de services pour cette classe de proche aidant(e).Encore aujourd'hui, différents organismes ou offres de services ciblent et catégorisent et déterminent qu'un proche aidant est une personne qui vient en aide une personne ainée ou un enfant ayant un handicap.
Bien que les sites web des centres intégrés de santé et des services sociaux indiquent offrirent les services de soutien à domicile à une clientèle de tous âges, présentant des incapacités temporaires ou permanentes, qui désire demeurer dans son milieu naturel et qui n'est pas en mesure de se déplacer pour obtenir les services en mode ambulatoire.. Vu le manque de personnels dans le réseau de la santé, les accidentés du travail sont souvent en attente de services tels que détaillés ci-dessous :
Services offerts
soins infirmiers
services psychosociaux
réadaptation
soutien aux proches aidants
soutien aux activités de la vie quotidienne et domestique
inhalothérapie et nutrition
prêt d’équipements spécialisés
programme d’aide financière (ex. : achat des équipements d’oxygénothérapie)
programme de prévention des chutes
centre de jour
De plus, un accidenté du travail devient admissible aux services du soutien à domicile lorsque les soins ou services doivent être rendus à domicile pour des considérations cliniques uniquement. Pour des besoins de transport, de ménage ou de préparation de repas, il / elle doit communiquez avec les organismes offrant de tels services et en défrayer les coûts.
Quant à la CNESST, celle-ci verse une allocation pour de l’aide personnelle à domicile aux accidentés du travail incapables de prendre soin d’eux-mêmes et d’effectuer sans aide les tâches domestiques en raison d’une maladie professionnelle comme un accident du travail ou une maladie professionnelle. L’aide personnelle à domicile comprend notamment :
l’hygiène corporelle
la préparation des repas
le ménage léger
la lessive
En date du 1er janvier 2025, le montant maximum versé mensuellement est de 2 136$ Par contre, la CNESST se réfère au Règlement sur les normes et barèmes de l’aide personnelle à domicile, de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (chapitre A-3.001, a. 160 et 454, 1er al., par. 2.1).
Selon ces règlements pour qu'un accidenté du travail obtienne une aide personnelle à domicile , il doit respecter les critères comme suit:
1. Conformément aux articles 145 et 158 l’aide personnelle à domicile peut être accordée en raison de la lésion professionnelle dont il a été victime, satisfait aux conditions suivantes:
1° il a une atteinte permanente à son intégrité physique ou psychique;
2° il est incapable de prendre soin de lui-même et d’effectuer sans aide les tâches domestiques qu’il effectuerait normalement;
3° cette aide s’avère nécessaire à son maintien ou à son retour à domicile.
Décision 97-12-03, a. 1.
2. Conformément à l’article 159 de la Loi, l’aide personnelle à domicile comprend le paiement des frais d’engagement d’une personne pour pourvoir aux besoins d’assistance et de surveillance du travailleur. Cette personne peut être le conjoint du travailleur. Décision 97-12-03, a. 2.
3. Les mesures d’assistance visent à aider celui-ci à prendre soin de lui même et à effectuer les tâches domestiques qu’il effectuerait normalement lui-même si ce n’était de sa lésion. Décision 97-12-03, a. 3.
4. Les mesures de surveillance visent à aider le travailleur à prendre soin de lui-même durant les périodes comprises entre l’exécution de ses activités personnelles et de ses tâches domestiques, définies à l’article 2.1 de l’annexe 1, lorsqu’il a une atteinte permanente entraînant des séquelles neurologiques ou psychiques et qu’il a des besoins d’assistance suivant les normes établies à la grille d’évaluation des besoins d’aide personnelle à domicile prévue à cette annexe. Décision 97-12-03, a. 4.
C'est la CNESST qui évalue les besoins d'aide personnelle à domicile et détermine le montant à versé au travailleur accidenté, et ce , selon le tableau de l'annexe 1 de ce règlement, en tenant compte de la situation avant la lésion professionnelle (accident), des changements qui en découlent. Cette allocation permet de défrayer les couts de services à domicile offerts par certaines coopératives de soutien à domicile. En moyenne les frais de services sont de 37,50$. Donc, le versement maximum de l'allocation d'aide personnelle à domicile de la CNESST permet à l'accidenté du travail d'avoir 57 heures environ de services mensuellement , en raison de 13 heures par semaine de soins à domicile, soit pour avoir des soins d'hygiènes, d'aide aux transferts ou aux déplacements, de soutien alimentaire et autres . . .
13 heures de soutien à domicile par semaine = 1h75 par jour de services
Enjeux financiers/ psychologiques !!!!!
La plupart des proches aidants doivent faire face à la conciliation travail famille pour pourvoir aux besoins financiers de leur famille, tout en prodiguant les soins nécessaires au maintien à domicile de l'accidenté du travail. Comme soulevé ci-haut , celui -ci a des ressources très limitées. Outre le crédit d'impôt, il peut obtenir des prestations d'assurance emploi pour proche aidant et de compassion, qui équivaut à 55% de son revenu pour une période de 15 semaines pour les prestations de proche aidant et de 21 semaines pour les prestations de compassion, totalisant 36 semaines de prestations d'assurance emploi.
Mais que se passe t'il après ces 36 semaines ?????
Un proche aidant et son lien d'emploi
Un travailleur peut s’absenter du travail pour remplir des obligations liées à l’état de santé d’une personne à titre de proches aidants. Pendant son absence, son lien d’emploi est protégé. Par contre, il doit être reconnu comme tel en s'adressant à un professionnel de la santé et des services sociaux, afin d'obtenir une attestation.
Un travailleur à le droit de :
10 jours de congé pour obligations parentales ou familiales. L’absence doit être liée à l’état de santé de la personne pour laquelle il agit à titre de proche aidant.
Après 3 mois de service continu qui doit au cours de l'année s’absenter du travail à titre de proche aidant pourrait avoir droit à 2 jours d’absence payées si ces journées n’ont pas été utilisées pour un autre motif au cours de l’année.
Absence prolongée
La personne qui agit à titre de proche aidant peut s’absenter du travail, sans salaire, et ce, peu importe la durée de son service continu, pour une durée maximale de :
16 semaines sur une période de 12 mois en raison d’un grave accident ou d’une maladie grave de la personne pour laquelle elle agit comme proche aidant
27 semaines sur 12 mois si la maladie grave de la personne pour laquelle elle agit comme proche aidant est potentiellement mortelle, attestée par un certificat médical
''En vertu de la loi des normes du travail ''
Avis à l’employeur
Lorsque le proche aidant prévoit s’absenter pour une courte durée, il doit en aviser son employeur et prendre les moyens raisonnables pour limiter la durée de l’absence. Si les circonstances le justifient, l’employeur peut demander un document attestant les raisons et la durée de l’absence, mais ce document ne peut pas être un billet médical, peu importe la durée de l’absence. En cas d’accident ou de maladie grave d’un proche, l’employeur doit être avisé le plus rapidement possible de cette absence et des motifs de celle-ci. Un certificat médical doit attester la maladie grave potentiellement mortelle.
À la lumière de ces informations, nous pouvons tous constater, malgré l'évolution et la tentative de reconnaissance envers cette classe de proches aidant, les enjeux financiers et psychologiques qu'ils /elles peuvent vivre dans de telles situations.
En plus de vivre un risque de précarité financier, l'épuisement physique et psychologique en ressort. Le climat familial devient tendu et la santé du proche aidant n'est pas considérée. La culpabilité émotionnelle que ces dites personnes vivent, l'impuissance de parvenir à tous les besoins et le sentiment d'être seul, les envahies, et nous les pointons du doigt, nous les jugeons, lorsque ceux-ci mette un genou à terre, en comparant leurs maux à celui de l'accidenté du travail.
Serions nous en mesure de soutenir un proche, tant au niveau psychologique que physique ?
Avons-nous assé de ressources personnelles ?
Est-ce que nous sommes en mesure d'écouter un proche aidant sans jugement ?
Avons nous cette compassion ?

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